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02 Mar

02 mars 1792: Louis XVI améliore l'efficacité de la guillotine

Publié par Louis XVI  - Catégories :  #[1789-1793]

 

 

Adorant la mécanique, le roi demande à voir les plans de la grande veuve et suggère d'adopter une lame oblique, plus efficace.

2 mars 1792. Onze mois avant d'être tranché, Louis XVI améliore l'efficacité de la guillotine.

Imaginons le Christ expliquant à ses bourreaux comment planter un clou, ou encore Jeanne d'Arc renseignant les Anglais sur la manière d'aligner les fagots... Surréaliste ? Pas tant que cela, car il existe un exemple d'un condamné célèbre filant un coup de main à ses bourreaux. C'est Louis XVI indiquant au bon docteur Guillotin comme dessiner la lame du couperet de la guillotine pour la rendre plus efficace. La scène, à peine croyable, est rapportée par le petit-fils de Charles-Henri Sanson, le bourreau de la Révolution. Elle se déroule aux Tuileries le 2 mars 1792. Soit onze mois avant l'exécution du roi.

Ce matin-là, trois hommes traversent les vestibules et corridors déserts du palais royal : Sanson, le docteur Guillotin (qui a conçu les premières esquisses de la machine à décoller qui portera bientôt son nom) et le fabricant de clavecins Tobias Schmidt chargé de sa construction. Ils ont rendez-vous avec le docteur Antoine Louis, médecin personnel de Louis XVI. Également secrétaire perpétuel de l'Académie royale de chirurgie, il avait été chargé quelques mois auparavant par le comité de législation de concevoir définitivement l'instrument de mort. Le souverain, qui avait entendu parler de cette mission, demanda à son médecin de jeter un coup d'oeil sur l'invention destinée à distribuer une mort douce et égalitaire. N'oublions pas que le citoyen Capet - c'est ainsi qu'il faut appeler dorénavant Louis XVI - est féru de serrurerie. Le gouvernement de la France l'a toujours emmerdé, mais à fabriquer des serrures, quel pied il prend ! Et après tout, une machine à trancher les têtes, n'est-ce pas avant tout de la mécanique ? Il veut qu'on lui en montre les plans pour donner son avis d'expert.

Le cou du roi

Le docteur Guillotin déroule le plan de son ouvrage devant son confrère sur une table recouverte d'un velours vert avec une frange d'or. Sanson, qui a le sens du détail, a pris soin d'agrémenter chaque pièce de la machine d'une lettre alphabétique renvoyant à une légende explicative. Tandis que les quatre hommes se penchent sur le document, une portière en tapisserie s'écarte sur un visiteur vêtu d'un costume. Le personnage est altier, ventru et silencieux. Ses traits sont tirés. Il fait plus que ses 37 ans. Aucune couronne, aucune décoration, aucune dentelle ne permettent de reconnaître le roi, mais les visiteurs du docteur Louis savent d'instinct à qui ils ont affaire, et s'inclinent cérémonieusement.

L'homme ne dit mot, s'approche de la table et jette un long coup d'oeil aux plans. Enfin, il s'adresse à son médecin : "Eh bien ! Docteur, qu'en pensez-vous ?" Celui-ci s'avoue satisfait, mais la réponse n'a pas l'air de plaire au citoyen Capet, qui examine de nouveau le plan de la machine. "Ce fer en forme de croissant, est-il bien là ce qu'il faut ? Croyez-vous qu'un fer ainsi découpé puisse s'adapter exactement à tous les cous ? Il en est qu'il ne ferait qu'entamer, et d'autres qu'il n'embrasserait même pas." Le bourreau Sanson porte alors machinalement son regard sur le cou du roi, lequel l'a "musculeux" et certainement trop épais pour être tranché par la lame courbe.

Louisette

Louis Capet interroge à mi-voix le docteur Louis : "Est-ce l'homme ?" en jetant un bref coup d'oeil vers Sanson. Voyant le hochement de tête de son interlocuteur, il reprend : "Demandez-lui son opinion." Sanson ne se fait pas prier pour la donner : "Monsieur a parfaitement raison. La forme du couperet pourrait amener à quelques difficultés." Un sourire de contentement flotte sur les lèvres du futur tranché royal qui, d'une main auguste, saisit une plume et, d'un geste vif, trace une ligne oblique sur le croissant du couperet. Et de préciser : "Du reste, je puis me tromper, et lorsqu'on fera des expériences, il faudra essayer les deux manières."

Un mois et demi plus tard, la guillotine est dressée dans la cour de l'hospice Bicêtre pour être testée sur des moutons vivants, "in anima vili". Le tranchoir fait son office merveilleusement. Les moutons passent de vie à trépas sans que cela fasse aucune différence pour eux... Deux jours plus tard, le 17 avril, les tests reprennent avec trois cadavres humains en instance de dissection devant un parterre de médecins et de curieux. Les têtes des deux premiers sectionnés avec la lame oblique roulent dans le panier avec grâce et aisance. Le troisième essai est opéré avec une lame courbe. Et comme l'avait prévu le serrurier royal, le cou n'est pas tranché du premier coup.

Huit jours plus tard, c'est un voleur du nom de Nicolas Jacques Pelletier qui a l'immense honneur d'inaugurer la Louisette (la guillotine est d'abord baptisée ainsi en l'honneur du docteur Louis). Pas sûr qu'il ait la tête à apprécier le cadeau. L'assistance nombreuse manifeste, elle, sa mauvaise humeur de voir la cérémonie aussi vite expédiée. Même pas le temps de cligner de l'oeil, le condamné est déjà coupé en deux. Au moins avec la hache ou la corde, il y a du spectacle. Louis XVI attendra le 21 janvier 1793 pour tester l'efficacité de son invention. En tout cas, après "cou", il n'a pas apporté de remarques

 

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