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06 Jul

07 juillet 1794: Denis Pierre Jean Papillon de La Ferté

Publié par Louis XVI  - Catégories :  #Cours de Versailles

Denis Pierre Jean Papillon de La Ferté


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Denis Pierre Jean Papillon de La Ferté

 

né à Châlons-en-Champagne le 17 février 17271 

guillotiné à Paris le 7 juillet 1794 

 

intendant français des Menus plaisirs de la Maison du roi

 

Biographie

Fils de Pierre Papillon de la Ferté (~1682-1753), seigneur de la Ferté, président trésorier de la généralité de Champagne, lieutenant du roi de Châlons, Papillon de la Ferté acheta en 1756, pour 260 000 livres, la charge d’intendant des Menus plaisirs de la Maison du roi qu’il conserva jusqu’en 1792.

Détenant le titre de commissaire du roi auprès de l’Académie de musique, Papillon de la Ferté exerça, à l’Opéra, une influence dominante, supérieure même à celle du ministre qui détenait le pouvoir nominal2, mais qui laissait son second gouverner.

Il imagina et proposa, dans ce poste qu’il occupa pendant les dix années qui précédèrent la Révolution, quantité de projets pour l’Opéra.

La Ferté a beaucoup écrit durant son passage aux affaires (de nombreuses lettres et rapports de sa main sont aux Archives nationales)

Sa carrière administrative, sa vie publique et privée, ses menées artistiques, ont été documentées grâce aux nombreuses pièces publiées par Adolphe Jullien dans divers articles, brochures ou livres sur l’Opéra au XVIIIe siècle, d’après ses lettres et ses papiers manuscrits conservés aux archives de l’Opéra et à la bibliothèque de la ville de Paris.

Castil-Blaze appela néanmoins celui qui joua un tel rôle dans l’histoire musicale française un « vieux dévot, libertin et frappé d’imbécillité dès ses plus jeunes ans3 ».

On doit également plusieurs ouvrages à cet homme de sciences et amateur d’art, collectionneur passionné de paysages, principalement par Boucher, Robert, Fragonard et Vernet, dont il a commandé une série de sept grands panneaux décoratifs pour son hôtel particulier4 : Éléments de géographie, agrémenté de 20 cartes en 1783, un Système de Copernic ou abrégé de l’astronomie, la même année ; en 1784, il publie Traité élémentaire sur les mathématiques, enfin, en 1787, Éléments d’architecture de fortifications et de navigation.

Amateur d’art, il publia en 1776 l’ouvrage Extraits des différents ouvrages publiés sur la vie des peintres, en 2 volumes, sera réédité sous un pseudonyme en 1796.

 

L'administration des menus, son personnel et ses attributions

 

L'administration de l'Argenterie, Menus Plaisirs et Affaires de la Chambre du Roi, était, de tous les services de la Maison du Roi, le plus intime, celui qui touchait de plus près à la personne royale

 

Elle avait un budget variable, comprenant des dépenses ordinaires et des dépenses extraordinaires

 

Dans les premières figuraient d'abord les gages et émoluments des charges dont l'Etat était arrêté par le ministre de la Maison du Roi

 

Le GRand Mâitre de la Garde-Robe, les Premiers Gentilshommes de la Chambre, le médecin de la Chambre, les musiciens du Roi sont portés sur cet état

 

Les dépenses ordinaires comprennent, en outre, le renouvellement des toilettes du Roi et du Dauphin, les fêtes religieuses, les menues fournitures de la Chambre, les voitures de la Cour, l'entretien des magasins, les gages du personnel des menus, les dépenses de la Chambre et de la Garde-Robe du Dauphin et de Mesdames, filles du Roi, l'entretien des tentes et maisons du bois du Roi, les voyages à Compiègne et à Fontainebleau, les spectacles ordinaires de la Cour

 

Dans ce chapitre entrent encore certaines dépenses imprévues, comme les présents faits par les membres de la famille royale à des personnages de la Cour, à des auteurs, à des artistes, ou à des églises

 

Les cérémonies funèbres et la construction des catafalques qu'elles entraînaient, les mariages dans la famille royale, l'installation des Lits de Justice et les réjouissances publiques, constituent les dépenses extraordinaires

Tels sont les principaux chapitres de ce budget qui déterminent en même temps les attributions des Intendants des Menus

Il faut y joindre, non plus au point de vue budgétaire, mais au point de vue administratif, la direction de la Comédie-Française et de la Comédie- Italienne, qui incomba, vers cette époque, à l'Intendant des Menus, comme intermédiaire et agent d'exécution des Premiers Gentilhommes de la Chambre

Toutes les opérations des Menus relevaient, d'ailleurs, de ces grands officiers de la Couronne, au nombre de six, dont deux ou survivance

C'est le sommet de la hiérarchie

Après eux, comme ordonnateurs, viennent les Intendants des Menus, au nombre de trois d'abord, servant une année comme Intendant et une année comme Contrôleur

on verra, dans le "journal", par suite de quelles circonstances le nombre des Intendants fut réduit à deux

Papillon de La Ferté fut alors exclusivement chargé de l'intendance, son collègue n'ayant gardé que le contrôle

il eut, en réalité, toute la direction, toute la responsabilité de l'administration

il est toujours en scène dans son "journal"

Ce sont ses propos opérations qu'il raconte

il est à la fois l'acteur et le narrateur

Le prix de la charge était d'environ 260 000 livres; les émoluments de 10 000 livres par an, avec une gratification de 6 000 livres pour les années d'exercice

Ces émoluments, insuffisants pour une charge de cette nature qui obligeait le titulaire à de grandes dépenses, s'augmentaient de gratifications extraordinaires ou annuelles


Le personnel de l'administration, sous les ordres directs de l'Intendant, comprenait deux secrétaires, l'un à Paris, l'autre à Versailles, des inspecteurs et contrôleurs pour les travaux des machines, des décorations et des habits, des employés de bureau, gardes-magasins et ouvriers en grand nombre

A côté de l'Intendant était le Trésorier des Menus qui recevait les fonds du Trésor Royal et payait, sur les mandements de l'Intendant, les factures des fournisseurs

Il s'appelait Hébert

Il est mêlé à toutes les affaires des Menus, non seulement comme trésorier, mais aussi comme conseil

Il était très écouté par le duc d'Aumont, le plus ancien des Premiers Gentilhommes de la Chambre

Il était lui-même en charge depuis 1725

Bien qu'en 1789 il eût certainement l'âge de la retraite, il se plaignit fort d'être congédié à cette époque, lorsque Necker réunit en une seule toutes les caisses de la Maison du Roi

A quelques froissements près, ses rapports furent bons avec La Ferté qui avait des égards pour son âge et son expérience

Le garde-magasin général Lévêque était un des principaux fonctionnaire de l'administration

C'est en son nom et beaucoup à son instigation que sont achetés les terrains de la rue Bergère sur lesquels fut, à cette époque, édifié l'Hôtel des Menus

Il apssait pour fort riche

Il mourut en 1767, laissant une jeune veuve qui devint la seconde femme de Beaumarchais

L'auteur du "Mariage de Figaro" fut ainsi mêlé aux affaires de la succession de Lévêque qui se trouva moins opulente qu'on ne l'avait cru d'abord

Le défunt possédait une grande quantité de pierres fausses, représentant néanmoins une valeur importante

Ces pierres, qu'il louait à l'administration des Menus, étaient employées dans les habits de théâtre, et surtout dans la fameuse décoration en diamants dont il est souvent question dans le "journal"

Le duc d'Aumont eut l'idée de les revendiquer comme appartenant aux Menus et bien que toutes les recherches faites par La Ferté démontrassent le contraire, le duc persista dans cette résolution

Beaumarchais qui, on le sait, n'était pas un médiocre homme d'affaires, se défendit de son mieux et négocia longtemps pour arracher cette proie au duc d'Aumont

Il eut, toutefois, le dessous dans cette lutte inégale et les pierres de Lévêque devinrent, contre toute justice, il faut bien le dire, la propriété des Menus

 

On verra figurer dans le personnel des Menus le machiniste Arnoult, homme aussi distingué que modeste, qui eut la plus grande part à la construction de la grande salle de théâtre à Versailles; Girault, également machiniste, qui dirigea les travaux à l'évêché et à la cathédrale de Reims, pour le sacre de Louis XVI; les sculpteurs Slodtz et Bocciardi, chargés des figures allégoriques des catafalques; le peintre de Machy, le peintre Durameau, auteur du plafond de la salle de Versailles; les dessinateurs Challe, Paris, Moreau et Boquet, ce dernier chargé principalement des costumes, artiste plein d'esprit et de goût et dont les charmants croquis sont aujourd'hui si recherchés

il ne faut point s'étonner si, grâce à ce concours de talents, les grandes fêtes royales de cette époque eurent un éclat et une élégance incomparables

C'est en 1756 que Papillon de La Ferté, l'auteur de ce "journal" acquit l'une des trois charges d'Intendant des Menus qui existaient alors

Ce ne fut toutefois qu'au commencement de 1762, alors qu'il fut chargé seul de tous les exercices, qu'il commença à écrire au jour le jour, pour sa propre instruction, le récit de ses opérations

Mais, avant d'entrer dans ce détail, il ajeté un coup d'oeil rétrospectif sur son administration depuis 1756

Son "journal" comprend donc, en réalité, une période de 24 ans, de 1756 à 1780, époque à laquele les Intendants des Menus furent supprimés et remplacés par des Commissaires de la Maison du Roi.

Papillon de La Ferté continua ses fonctions sous ce nouveau titre, et fut en même temps chargé de la direction de l'Opéra

il cessa alors de tenir son "journal"

En le terminant, il annonce qu'il en tiendra deux autres, l'un pour les affaires des Menus, l'autre pour celles de l'Opéra

mais, trop occupé sans doute par ces doubles fonctions, il est probable qu'il ne put remplir l'engagement qu'il avait pris avec lui-même

On le regrettera vivement quand on aura lu le travail si curieux et si original qu'il nous a laissé

Cette période de 24 ans présente un concours d'évènements qui lui donnent un intérêt particulier

Elle a offert à l'Intendant des Menus toutes les occasions possibles de développer toutes ses ressources, tous ses talents d'administrateur et d'organisateur

on y trouve, en effet, six mariages dans la famille royale, dont trois, ceux des petits-fils de Louis XV, donnèrent lieu à un grand déploiement de fêtes et de spectacles, dirigés par l'Intendant des Menus qui leur a consacré une grande place dans son "journal"

Le Dauphin, la Dauphine, la Reine, le Roi meurent successivement dans l'espace de quelques années, et les cérémonies funèbres à Notre Dame, à Saint-Denis, à Sens, relèvent des Menus

Enfin, le sacre de Louis XVI fut la dernière , mais aussi la plus compliquée, la plus considérable des opérations qui signalèrent l'administration de Papillon de La Ferté

L'époque n'est pas moins féconde en évènements pour l'histoire des théâtres

La première salle d'opéra, au Palais-Royal, est détruite par un incendie, en 1763

L'Opéra s'installe aux Tuileries pendant la construction de son nouveau théâtre qu'on édifie sur l'emplacement de l'ancien

La Comédie-Française abandonne la salle de la rue des Fossées-Saint-Germain-des-Prés et remplace l'Opéra aux Tuileries

une foule de projets sont proposés, examinés, discutés pour la construction d'une nouvelle salle

Enfin, l'Opéra-Comique, jusqu'alors relégué à la Foire, est réuni à la Comédie-Italienne et une nouvelle société est formée sur le modèle de celle de la Comédie-Française

D'innombrables règlements sont sans cesse faits et refaits pour l'administration intérieure des deux Comédies

De laborieuses négociations sont engagées pour le droit des pauvres et pour le droits des auteurs

La construction de la salle de Versailles et celle de l'Hôtel des Menus, qui devint plus tard celui du Conservatoire, appartiennent aussi à cette période

Enfin, au milieu des agitations constantes qui troublaient le monde des comédiens, cette période offre deux des épisodes les plus tumultueux de l'histoire du Théâtre-Français; la retraite de Mlle Clairon, en 1766, et la querelle entre Mme VEstris et Mlle Sainval l'aînée en 1779

Toutes ces affaires, auxquelles l'Intendant des Menus est intimement mêlé, sont rapportées en grand détail dans son "journal"

 

 

 

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