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11 Dec

11 décembre 1792: Le procès de Roi

Publié par Louis XVI  - Catégories :  #Calendrier

 

 Le procès du roi

" Je ne croirai à la république que lorsque la tête de Louis ne sera plus sur ses épaules", a déclaré Marat. Depuis plusieurs semaines, le sort du roi se discute à la Convention. Si les modérés et certains Girondins souhaitent sauver le prisonnier, les Montagnards désirent sa mort, seule façon de rompre avec le passé.

Après la découverte aux Tuileries des documents de "l'armoire de fer", la Convention décide de juger le roi. Les débats s'ouvrent le 15 janvier 1793. Ce jour-là, la grande majorité des députés déclare Louis Capet coupable. Reste maintenant à fixer la peine. Le vote doit se faire nominalement et à haute voix à la tribune.

Dans les galeries, la foule se presse, bruyante et gesticulante : les "patriotes" s'apprêtent à acclamer les députés optant pour la mort et à huer les partisans de l'indulgence. Commencé le 16 en fin de journée, le scrutin durera plus de trente heures dans une atmosphère mouvementée. Au soir du 17, les quinquets jettent de lugubres clartés dans la salle et l'Assemblée est épuisée. Enfin, les résultats sont donnés. Sur 721 bulletins, 361 demandent la mort immédiate, le reste se partage entre la mort avec sursis et diverses peines.

Le 20 janvier, le condamné est averti de la sentence. Il formule 3 demandes : un délai pour se préparer à la mort, la permission d'être assisté par un prêtre et de s'entretenir avec sa famille. Seule la première requête est repoussée. Le soir, le roi reçoit l'abbé Edgeworth de Firmon. Il fait ensuite des adieux déchirants aux siens, puis va dormir.

Le lendemain, après avoir entendu la messe, il descend d'un pas ferme l'escalier du Temple. Tout le long du parcours, il récite des prières et se laisse lier les mains au pied de l'échafaud. Quelques secondes plus tard, le bourreau montre au peuple la tête du monarche, symbole de la révolution victorieuse.

Séance du 11 décembre 1792 

C’est Bertrand Barère de Vieuzac qui préside la Convention nationale l’acte énonciatif d’accusation rédigé par Robert Lindet et décrète l’interrogatoire de Louis XVI.

Louis XVI fait son entrée dans la salle de la Convention nationale.

« Louis, dit Barère de Vieuzac, la nation vous accuse, l’Assemblée nationale a décrété le 3 décembre que vous serez jugé par elle ; le 6 décembre, elle a décidé que vous seriez conduit à la barre. On va vous lire l’acte énonciatif des délits qui vous sont imputés... Vous pouvez vous asseoir. »

Les 11 chefs d’accusation 

  1. D’avoir tenté d’empêcher la réunion des États généraux, et par là avoir attenté à la liberté.
  2. D’avoir rassemblé une armée contre les citoyens de Paris et de ne l’avoir éloignée qu’après la prise de la Bastille.
  3. De n’avoir pas tenu ses promesses à l'Assemblée constituante, d’avoir éludé l’abolition de la féodalité et laissé piétiner la cocarde tricolore provoquant ainsi les journées des 5 et 6 octobre 1789.
  4. D’avoir prêté serment lors de la fête de la Fédération pour essayer ensuite de corrompre l'Assemblée constituante en particulier par l’intermédiaire de Mirabeau.
  5. D’avoir trompé l’Assemblée constituante en lui adressant copie d’une lettre adressée aux agents diplomatiques indiquant qu’il avait accepté librement la Constitution, tout en prodiguant l’argent du peuple pour préparer la fuite de la famille royale.
  6. Convention passée entre Léopold II et le roi de Prusse pour rétablir la monarchie française.
  7. D’avoir envoyé des sommes considérables au marquis de Bouillé et aux émigrés.
  8. D’avoir eu une part dans l’insurrection du 10 août 1792.
  9. D’avoir ordonné le stockage de grains, de sucre et de café.
  10. D’avoir mis son veto au décret prévoyant la formation d’un camp de 20 000 fédérés.
  11. D’être responsable de la fusillade du Champ-de-Mars le 17 juillet 1791.
 

Interrogatoire 

Louis XVI écouta les 11 chefs d’accusation assis dans le fauteuil où il avait accepté la Constitution. Après que le secrétaire lui a donné lecture de l’acte énonciatif d’accusation, le président Bertrand Barère de Vieuzac reprend ensuite chaque article de l’accusation et questionne Louis XVI.

Barère de Vieuzac : Vous êtes accusé d’avoir attenté à la souveraineté du peuple, le 20 juin 1789.
Louis XVI : Aucune loi ne me défendait alors de faire ce que je fis à cette époque.
Barère de Vieuzac : Le 14 juillet 1789, la veille de la prise de la Bastille, vous avez fait marcher des troupes contre Paris ; vous avez fait répandre le sang des citoyens.
Louis XVI : J’étais le maître de faire marcher des troupes où je voulais. Jamais mon intention n’a été de faire couler le sang.
Barère de Vieuzac : Vous avez longtemps éludé de faire exécuter les décrets du 4 août. Vous avez permis que, dans des orgies faites sous vos yeux, la cocarde tricolore ait été foulée aux pieds.
Louis XVI : J’ai fait les observations que j’ai cru justes et nécessaires sur les décrets qui m’ont été présentés. Le fait est faux pour la cocarde ; jamais il ne s’est passé devant moi.
Barère de Vieuzac : Vous avez répandu de l’argent parmi les ouvriers du faubourg Saint-Antoine, pour les mettre dans votre parti[1].
Louis XVI : Je n’avais pas de plus grand plaisir que celui de donner à ceux qui avaient besoin ; il n’y avait rien en cela qui tînt à quelque projet.
Barère de Vieuzac : Vous avez feint une indisposition pour aller à Saint-Cloud ou à Rambouillet, sous le prétexte de rétablir votre santé.
Louis XVI : Cette accusation est absurde.
Barère de Vieuzac : Le 17 juillet, vous avez fait verser le sang des citoyens au Champ de Mars.
Louis XVI : Ce qui s’est passé le 17 juillet ne peut m’être imputé.
Barère de Vieuzac : Vous avez payé vos gardes du corps à Coblentz ; les registres de Septeuil en font foi.
Louis XVI : Dès que j’ai su que les gardes du corps se formaient de l’autre côté du Rhin, j’ai défendu qu’ils reçussent aucun paiement.
Barère de Vieuzac : Vous vous êtes tu sur le traité de Pilnitz, par lequel des rois étrangers s’étaient engagés à rétablir en France la monarchie absolue.
Louis XVI : Je l’ai fait connaître sitôt qu’il est venu à ma connaissance. Au reste, c’est une affaire qui, d’après la constitution, regarde les ministres.
Barère de Vieuzac : Vous avez fait couler le sang au 10 août.
Louis XVI : Non, monsieur ; ce n’est pas moi !

Le roi prononça ces mots avec une véhémente indignation.

L’interrogatoire fut terminé. « Louis, avez-vous quelque chose à ajouter ? », lui demanda Bertrand Barère de Vieuzac.

« Je demande communication des accusations que je viens d’entendre et des pièces qui y sont jointes et la facilité de choisir un conseil pour me défendre ». On lui présenta les pièces produites à l’appui de l’acte énonciatif d’accusation. Louis XVI dit : « Je ne les reconnais pas ». Il ne reconnut pas davantage sa signature et son cachet aux armes de France au bas d’une lettre à l’évêque de Clermont, et affirma ignorer l’existence de « l’armoire de fer » aux Tuileries. L’audience fut terminée.

La Convention nationale accorde des défenseurs à Louis XVI 

Le 12 décembre 1792, la Convention accorde des défenseurs à Louis XVI : François Denis Tronchet, Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, Guy-Jean-Baptiste Target, Raymond de Sèze.

 


La Révolution Française - Procès du Roi
 

Procès et mort du Roi

(1)

La Convention proclame la République - Girondins contre Montagnards

A Convention compte sept cent quarante - neuf députés. De son propre choix, la Gironde s'est placée sur les bancs de la droite. Ce seul fait lui imprime un caractère sinon de réaction, du moins de stabilisation, d’arrêt. Gardant ses chefs, Brissot, Vergniaud, Condorcet, Guadet, Gensonné, Isnard, Pétion, elle les a renforcés de quelques recrues qui déjà ont marqué à la Constituante : Camus, Rabaud-Saint-Etienne, Lanjuinais, Buzot.

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Louis XVI - par Ducreux - dernier portrait exécuté au Temple - Musée Carnavalet

 

A gauche, en face d'elle, la Montagne se groupe autour des élus de Paris: Robespierre, Marat Danton, Camille Desmoulins. On retrouve sur ses bancs Cambon, Merlin de Douai, Chabot, Carnot, « l'orateur du genre humain » Anacharsis Clootz. Des noms nouveaux y paraissent le procureur Carrier, le poète M.-J. Chénier, l'ex-prote Tallien, un jeune homme sévère aux traits féminins, au langage acéré, Saint-Just, un capitaine des Indes passionné pour l'aventure et le plaisir, le ci-devant vicomte de Barras.

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Anacharsis Clootz - lavis de Bonneville - Musée Lambinet

Le centre, ou Plaine, ou Marais, génériquement lâche, et en qui pourtant réside la majorité - il dispose de plus de quatre cents voix -, compte beaucoup d'hommes capables mais sans doctrine, monarchistes d'habitude et de tempérament, et qui vont osciller suivant la passion et surtout l'intérêt du moment Sieyès, inspirateur et témoin de la première Révolution, en fait partie et un ancien conseiller à la cour des Comptes de Montpellier, Cambacérès, dont on entendra parler. Barère y reparaît, il ne tardera pas à passer à la Montagne où par politique le suivra Cambacérès.

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Marie-Joseph Chénier - lavis de Bonneville - Musée Lambinet

Au début Gironde et Montagne semblent faire trêve. L'Assemblée s'occupe dès le premier jour d'un objet essentiel, l'enterrement de la monarchie. Elle vote à l’unanimité, aux acclamations des tribunes, le décret présenté par Collot d'Herbois et appuyé par l'évêque Grégoire, qui abolit la royauté en France. La République est établie par prétérition.

Dans tout Paris, au son des trompettes, à la lueur des torches, le décret est lu à haute voix. Louis XVI l'entend de sa prison.

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Barère de Vieuzac - par Moreau le jeune - B.N. Estampes

Point d'émotion dans la ville, la proclamation de la République semble une formalité; depuis tant de mois, la royauté n'était plus qu'un nom.

La trêve entre les Montagnards et les Girondins ne pouvait durer. Dès le 22 septembre, les Girondins perdent la première manche à propos de l'élection des juges. Ils cherchent leur revanche et réclament la mise en accusation de Marat, inspirateur des massacres de Septembre. Nouvel et grave échec.

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Pétion - d'après Chrétien et Fouquet

Danton s'est démis de ses fonctions de ministre, incompatibles avec le mandat de député.

Il cherche à entraîner dans sa retraite Roland qu'il brocarde avec indécence. Après quelques flottements, Roland, guidé par sa femme, préfère abandonner son siège et garder son portefeuille. Servan, partant pour l'armée, est remplacé par Pache et Danton par Garat.

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Génsonne - par David

Les Montagnards attaquent à leur tour. Les Girondins, en nombre pourtant au club des Jacobins, y sont assaillis de rude manière par Fabre d'Eglantine et Billaud-Varenne, autres massacreurs. La Montagne finit par l'emporter Brissot est exclu pour avoir osé accuser la Commune. Dès lors les Girondins s'abstiennent de paraître au club et le livrent à leurs ennemis. Ils préfèrent se rencontrer chez leurs amis. Ils dînent chez Pétion, chez Clavière, chez Mme Roland, ils se réunissent aussi chez Mme Dodun, femme d'un administrateur de la Compagnie des Indes. Ils y perdent le peu qu'ils avaient de discipline. Ils ne seront plus qu'un parti fractionné qui à chaque coup d'air tourbillonne, tandis que les Montagnards se serrent et se concentrent, « répétant »aux Jacobins tous les grands débats avant d'aborder la Convention.

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Camus - dessin de Moreau le Jeune - B.N. Estampes

Pétion, réélu maire de Paris, démissionne pour demeurer à l'Assemblée. Le médecin Chambon, ami de Brissot, est péniblement nommé à sa place. La Commune s'est renouvelée. Elle n'est pas d'opinion plus modérée. Elle choisit Chaumette pour procureur-syndic avec Réal et Hébert pour substituts. Beau trio; l'Hôtel de ville échappe à la Gironde.

Après avoir commis la faute d'attaquer Marat, les Girondins attaquent Danton. Ils lui demandent des comptes de sa gestion... Harcelé par Brissot, Danton n'échappe que par la lassitude de la Convention qui passe enfin à l'ordre du jour. Mais de ce moment il est à peu près déshonoré. Son influence en baisse d'autant, moins d'ailleurs au profit des Girondins qu'à celui de Robespierre.

C'est ce dernier que les Girondins essaient alors d'abattre. Nouvel échec, plus grave encore. A chaque pas ils perdent du terrain. Maîtres du pouvoir, ils n'osent pas l'exercer; ils ont des orateurs, point d'hommes d’Etat.

Leur hostilité à l'égard de Paris les a privés d'un point d'appui indispensable dans un pays centralisé comme la France. Anacharsis Clootz, naguère lié avec eux, leur reproche ouvertement leur fédéralisme. L'accusation est vraie. Sans l'avouer, Buzot et ses amis tendent à faire de la France un conglomérat de républiques régionales. Ils marchent ainsi au rebours de toute la tradition française. Ils paieront chèrement leur erreur.

 

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