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16 Nov

16 novembre 1773: Mariage de Charles Philippe, comte d'Artois

Publié par Louis XVI  - Catégories :  #Calendrier

au château de Versailles, Charles Philippe, comte d'Artois épouse Marie Thérèse de Savoie.

Ce sera le dernier grand mariage de la monarchie de l'ancien régime.
 

Mariage au château de Versailles de

 

Charles Philippe, comte d'Artois et de Marie Thérèse de Savoie

 novembre à décembre 1773

Fêtes pour le mariage de Charles Philippe, comte d'Artois et de Marie Thérèse de Savoie

 

EVENEMENTS RELATIFS AU MARIAGE
DE MGR LE COMTE D'ARTOIS
ET DE LA PRINCESSE MARIE THERESE DE SAVOIE
16 novembre 1773
 
 

16 mars 1773 au château de Versailles – Déclaration du mariage de Mgr le comte d’Artois

Louis XV déclare que le mariage de Mgr le comte d’Artois est arrêté avec la princesse Marie Thérèse, seconde fille de Victor Amédée III de Savoie, Roi de Sardaigne et duc de Savoie.

 

6 avril 1773 – Date du mariage de Mgr le comte d’Artois

La célébration du mariage de Mgr le comte d’Artois est fixée au 16 novembre 1773.

 

7 avril 1773 à Turin – Déclaration du mariage de la princesse Marie Thérèse avec Mgr le comte d’Artois

Le grand deuil pour le défunt Roi Charles Emmanuelle III, décédé le 20 février 1773, étant fini, Victor Amédée III déclare le mariage de la princesse Marie Thérèse avec Mgr le comte d’Artois.

 

7 mai 1773 au château de Versailles – Nomination pour les charges de la Maison de Mgr le comte d’Artois

Louis XV a fait la nomination suivante pour remplir les principales charges de la Maison de Mgr le comte d’Artois :

-       Premiers Gentilshommes de la Chambre : les comtes de Maillé et de Bourbon-Busset

-       Premiers Chambellans : les comtes de la Billarderie et de Baglion

-       Maîtres de la Garde Robe : les marquis de Tourdonnet et de Thianges

-       Premier Ecuyer : le marquis de Polignac

-       Capitaines des Gardes du Corps : le prince de Hénin et le bailli de Crussol

-       Capitaine des Gardes de la porte : le marquis de Monteil

-       Premier Fauconnier : le vicomte de Coëtlosquet

-       Premier Veneur : le chevalier de Villeneuve

-       Chancelier garde des sceaux : de Bastard qui y réunit la charge de surintendant des finances.

 

La Chapelle du prince n’est pas encore formée.

 

7 juin 1773 – Nomination pour les charges de la Maison de Mme la comtesse d’Artois et constitution de la Chapelle de Mgr le comte d’Artois.

A la suite d’un travail que le duc de La Vrillière a fait avec Louis XV pour remplir les charges de la Maison de Mme la comtesse d’Artois, et, pour la Chapelle et la Maison de Mgr le comte d’Artois

  • Nominations à la Maison de Mme la comtesse d’Artois

-       Premier Aumônier : l’évêque d’Arras

-       Premier Ecuyer : le marquis de Chabrillant

-       Premier Maître d’Hôtel : M. de Montbel

-       Chevalier d’honneur : le marquis de Vintimille

-       Dame d’honneur : la comtesse de Forcalquier

-       Dame d’atours : la comtesse de Bourbon-Busset

-       Gouvernante des enfants à naître : la marquise de Caumont

-       Contrôleur général : M. de Misery

  • Nomination à la Chapelle et à la Maison de Mgr le comte d’Artois

-       Premier Aumônier : abbé Gaston

-       Contrôleur général : M. Thierry

 

27 août 1773 au château de Compiègne - Nomination du commissaire plénipotentiaire chargé de recevoir la future épouse de Mgr le comte d’Artois

Louis XV nomme le comte de Broglie, commissaire plénipotentiaire pour aller recevoir, à la frontière franco-sarde, Mme la future comtesse d’Artois. Le comte de Broglie a fait ses remerciements au Roi, à qui il a été présenté par le duc d’Aiguillon, ministre et secrétaire d’état aux affaires étrangères.

 

Disgrâce du comte de Broglie et nomination d’un nouveau commissaire plénipotentiaire

Dans le courant du mois d’octobre 1773, le comte de Broglie, qui était sur le point de partir pour aller recevoir Madame la comtesse d’Artois au Pont de Beauvoisin, vient d’être exilé sur sa terre de Rufec en Angoumois.

Louis XV nomme à sa place le marquis de Brancas pour remplir cet office.

 

15 octobre 1773 - Nomination par le Roi de Sardaigne des personnes qui composeront la suite de Madame la princesse Marie Thérèse jusqu’à la frontière

Le Roi de Sardaigne nomme les personnes qui doivent accompagner Son Altesse Royale la future comtesse d’Artois jusqu’au Pont de Beauvoisin :

-       le comte de la Trinité aura la dignité de Grand Maître

-       la comtesse de Fauria aura la dignité de dame d’atours

-       la comtesse de Doingt et la marquise de Sinsan auront la dignité de dames du palais

-       le chevalier de Chusan aura la dignité de chevalier d’honneur

-       le comte de Piosase aura la dignité de premier gentilhomme

 

De plus, sont nommés un secrétaire du cabinet, deux second gentilshommes, un maître des cérémonies, un maître d’hôtel, deux gentilshommes de la bouche, six pages avec leur gouverneur, un médecin, quatre femmes de chambre, deux valets de chambre, un chirurgien et un clerc de chapelle.

Les fêtes qui seront données à l’occasion du mariage de Mme la future comtesse d’Artois se dérouleront au château de Stupini. La Cour sarde s’y rendra de Montcalieri à partir du 24 octobre sans passer par Turin.

 

16 octobre 1773 à Turin - Demande en mariage de la princesse Marie Thérèse, fille du Roi de Sardaigne

Le baron de Choiseul, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de France à la Cour de Sardaigne, se rend, à 10 heures du matin, au château de Moncalieri. A son arrivée, le détachement des gardes de la porte prit les armes, et les gardes du corps se rangent en haie sur son passage. Il est reçu, au bas de l’escalier, par l’introducteur et le sous introducteur des ambassadeurs, auprès duquel sont rangés les grands officiers de la Cour sarde, les chevaliers de l’Ordre de l’Annonciade et les ministres d’Etat. Le baron de Breteuil fait, au nom du Roi de France, la demande de Mme la princesse Marie Thérèse, fille de Victor Amédée III de Savoie, duc de Savoie et Roi de Sardaigne

Victor Amédée III lui répond dans les termes les plus flatteurs et les plus tendres. Le baron de Chosieul a ensuite une audience avec la Reine, puis, remet à Mme la princesse Marie Thérèse une lettre de Mgr le comte d’Artois. Il se rend ensuite chez le prince de Piémont et chez le reste de la Famille Royale.

 

A partir du 17 octobre 1773 à Turin - Festivités et signature du contrat de mariage

  • Festivités

Le 17 octobre, le Roi de Sardaigne donne un concert au château de Stupinis, auquel assistent toute la Cour sarde, les ambassadeurs et ministres étrangers et la principale noblesse sarde. Un feu d’artifice est tiré dans le jardin à partir de 20 heurs.

Le 18 octobre, c’est au tour de l’ambassadeur de France de donner un bal auquel participe la principale noblesse sarde. Les princes du sang lui ont fait l’honneur d’y assister.

Le 19 octobre, illumination au petit théâtre.

Le 20 octobre, au château de Stupinis, le Roi de Sardaigne donne un bal paré. La façade du château est illuminée. Le chemin de Stupinis à Turin est éclairé par des pots à feu, avec les chiffres et les emblèmes analogues à la fête.

  • Signature du contrat de mariage le 23 octobre 1773

Le 23 octobre, le contrat est signé au château de Moncalieri. Le soir même, le baron de Choiseul donne à toute la noblesse de Turin un souper suivi d’un bal.

22 octobre 1773 en France - Impression des fêtes et spectacles qui seront donnés à la Cour de France pour le mariage de Mgr le comte d’Artois

-   le 16 novembre, jour du mariage, il y aura grand appartement, jeu dans la galerie, feu d’artifice, festin royal et illuminations

-       le 17 novembre, opéra « Ismenor »

-       le 19 novembre : bal paré

-       le 22 novembre : bal masqué

-       le 27 novembre : représentation « Bellorophon »

-       le 2 décembre : représentation « Sabinus »

-       le 9 décembre : représentation « Ernelinde »

-       le 16 décembre : représentation « Iffé »

 

22 et 23 octobre 1773 - Départ de Fontainebleau pour le Pont de Beauvoisin du commissaire plénipotentiaire, des personnes attachées à Mme la comtesse d’Artois, du porteur des présents d’usage et nomination des gentilshommes d’honneur de Mgr le comte d’Artois

  • Départ du commissaire plénipotentiaire, des personnes attachées à Mme la comtesse d’Artois et du porteur des présents à son attention

Le marquis de Brancas, commissaire plénipotentiaire du Roi pour aller recevoir au Pont de Beauvoisin Mme la comtesse d’Artois, prit congés de ce dernier le 22 octobre.

Le 23 octobre, la comtesse de Forcalquier, dame d’honneur et la comtesse de Bourbon-Busset, dame d’atours, ont aussi pris congés du Roi et de la Famille Royale pour se rendre au même endroit.

M. de Saint-Quintin est parti pour aller porter les présents d’usage à Mme la comtesse d’Artois.

  • Nomination des gentilshommes d’honneur de Mgr le comte d’Artois

Les gentilshommes d’honneur de Mgr le comte d’Artois, nommés par le Roi, sont le marquis de Monteil, le chevalier d’Escars, le chevalier de Montaignac, le comte d’Arville, la marquis de La Tour du Pin, le chevalier de La Roche-aymon, la marquis de Saint-Chamant, le comte de Chatenai, la marquis de Saint-Hermine et le marquis de Mesme.

 

24 octobre 1773 à Turin - Mariage par procuration

Le baron de Choiseul se rend, dans l’après-midi, au château de Moncalieri, pour la célébration du mariage.

A 17 heures, le Roi de Sardaigne et la Famille Royale se rendent dans la chapelle intérieure du château. L’archevêque de Turin, Grand Aumônier du Roi, après avoir adressé un discours à Mgr le comte d’Artois représenté par le prince de Piémont et à Mme la princesse Marie Thérèse, leur donne la bénédiction nuptiale. Après la cérémonie, le Roi de Sardaigne fait don au baron de Choiseul de son portrait enrichi de superbes diamants.

 

26 octobre 1773 au matin - Départ de Madame la comtesse d’Artois pour la France

Le Roi de Sardaigne, le prince de Piémont et le duc de Chablais ont accompagné Mme la comtesse d’Artois jusqu’à Veillane où cette dernière a couché. Le 27, elle arrive à la Novelese.

 

Arrivée en France de Madame la comtesse d’Artois

  •  4 novembre 1773 – Arrivée en France et présentation de la suite française

Mme la comtesse d’Artois arrive, vers 14 heures, au Pont de Beauvoisin dans la partie de la Savoie. Peu de temps après, la comtesse de Forcalquier, dame d’honneur, la comtesse de Bourbon-Busset, dame d’atours, les dames nommées pour l’accompagner, le marquis de Vintimille, chevalier d’honneur, le marquis de Chabrillant, premier écuyer, ont l’honneur de faire leur cour à Mme la comtesse d’Artois, ainsi que toutes les autres personnes qui doivent composer sa suite.

L’évêque de Belay, le comte de Tonnerre, la marquis de Puisigneux, le comte de Blot, Pajot de Marceval et les officiers du régiment de Boccard, du régiment suisse, de la Légion de Soubise, d’un détachement du régiment de Toul et du corps royal d’artillerie, qui étaient allés au devant elle, ont aussi l’honneur d’être présentés à Mme la comtesse d’Artois.

 

  • 5 novembre 1773 – Cérémonie de remise

A 8 heures du matin, les gardes du corps, les Cent Suisse et les gardes de la porte du Roi, envoyés pour escorter Mme la comtesse d’Artois, prennent leurs postes. Le régiment de Boccard borde la haie, tandis qu’un détachement de 100 dragons de la Légion de Soubise, commandé par la comte de Vargemont, monte à cheval et se met en bataille à la suite de l’infanterie, ainsi qu’un autre détachement de la maréchaussée du Dauphiné, aux ordres du prévôt-général et d’un de ses lieutenants.

A 9 heures trente, le maréchal-comte de la Trinité, commissaire plénipotentiaire du Roi de Sardaigne, remet au marquis de Brancas, commissaire plénipotentiaire du Roi de France, et de toutes les personnes de la suite française. Mme la comtesse d’Artois est salué, au moment de la signature du procès-verbal, d’une triple décharge de 6 canons.

Le marquis de Brancas a ensuite l’honneur de présenter et de nommer à Mme la comtesse d’Artois les seigneurs et les dames qui doivent l’accompagner et composer sa suite.

Vers 11 heures, Mme la comtesse d’Artois se met en marche, précédée du marquis de Brancas, commissaire plénipotentiaire, du marquis de Vintimille, chevalier d’honneur, du marquis de Chabrillant, premier écuyer, et, accompagnée de sa dame d’honneur, de sa dame d’atours et des autres dames de sa suite. Elle trouve, sur le pont qui sépare les deux états, un arc de triomphe élevé par les soins des officiers municipaux de Beauvoisin. Mme la comtesse d’Artois dine à Bourgoin, dans la maison du marquis de Beffroi. Elle trouve sur son passage 150 hommes du régiment de Boccard, suisse et un détachement de la maréchaussée commandée par un lieutenant. Après le dîner, elle part pour Lyon.

 

  • A partir du 5 novembre 1773 – voyage en France jusqu’à la rencontre avec Louis XV et de Mgr le comte d’Artois.

Le même jour, vers 18 heures, Mme la comtesse d’Artois arrive et fait étape à Lyon où la ville donna plusieurs fêtes en son honneur. Elle en repart le 8 au matin puis arrive à Roanne vers 20 heures. Un détachement de dragons du régiment de Jarnac l’escorte jusqu’à l’Hôtel où un appartement a été préparé à son intention. Mme la comtesse d’Artois y reçoit les officiers du Bailliage et de l’élection qui ont l’honneur de la complimenter. Le comte de Tonnerre, le comte de Blot et Pajot de Marcheval ont l’honneur de l’accompagner jusqu’en cette dernière ville et de prendre congés de Mme la comtesse d’Artois.

Le 9, elle entend la messe pendant laquelle un motet est exécuté puis elle partit pour Moulins en Bourbonnais vers 11 heures. Elle arrive à Moulins à 20 heures.

A Moulins, à la porte de Lyon, le maire et les échevins de la ville ont l’honneur d’être présentés à Mme la comtesse d’Artois et de la complimenter. Depont, intendant de la province et qui était allé à la rencontre de la princesse, avait formé en dehors une avenue d’arbres, par laquelle elle devait passer, Mme la comtesse d’Artois entre dans deux cours également bordées d’arbres. Cet espace, d’environ 700 toises, était éclairé par des ifs, des lustres, des pyramides de terrines, et par des guirlandes de lanternes. De plus, il est garni de la garde de la ville de Moulins sous les armes, et d’une immense foule, qui faisait retentir les cris de « vive le Roi et la famille royale ». Mme la comtesse d’Artois est escortée par le régiment d’Orléans, dragons, à la tête duquel étaient le marquis de Poyanne, le marquis de Pons Saint-Maurice et le comte de Montboissier. Lorsque Mme la comtesse d’Artois arrive à l’intendance, qui est illuminée, l’intendant a l’honneur de la recevoir et de lui être nommée. Elle entre dans son appartement, où la comtesse de Forcalquier, sa dame d’honneur, lui nomme les dames et les hommes de qualité de la ville de Moulins et de la province. Pendant le souper de Mme la comtesse d’Artois, divers morceaux de symphonie sont joués. Après son souper, elle passe dans une autre pièce d’où elle assiste au feu d’artifice tiré en son honneur et exécuté par M. de Bray, artificier du Roi.

Le 10, vers 18 heures, Mme la comtesse d’Artois arrive à Nevers sous les acclamations du peuple et descend au château du duc de Nivernais. Sur la place ducale, l’intendant avait fait installer un théâtre sur lequel les principaux acteurs de la comédie italienne jouèrent, avec beaucoup de succès, un prologue mêlés de variétés et de vaudevilles analogues à la fête, et l’opéra comique de Tom-Jones qui fût terminé par des couplets faits en l’honneur de la prince, et qui fût apprécié par les spectateurs. Après la représentation, toujours sur la place ducale, il y eut une illumination représentant le temple de l’hymen. Mme la comtesse d’Artois est placée de manière avoir en face d’elle les acteurs et à sa droite l’illumination. Après ces festivités, elle parcoure la place en carrosse puis se rend à l’évêché où elle soupe. L’évêque de Nevers, le clergé et le corps de la ville de Nevers avaient eu l’honneur de la complimenter à son arrivée.

Le 11, à 8 heures, Mme la comtesse d’Artois quitte Nevers pour se rendre à Montargis. A la porte de Nevers, elle y trouve un détachement du régiment Orléans, dragons, ayant à leur tête le marquis de Pont Saint-Maurice et le comte de Montboissier. Depont, l’intendant de la province, a eu l’honneur d’accompagner Mme la comtesse d’Artois et en prend congés à Pougues.

Suivant les premiers ordres du Roi, Mme la comtesse d’Artois devait aller coucher de Nevers à Briare, mais Louis XV étant informé que la petite vérole y régnait, changea les premières dispositions, et ordonna que la princesse irait se coucher à Montargis. M. de Cypierre, intendant de la généralité d’Orléans, qui avait fait tous les préparatifs à Briare, reçut un contre ordre le 13 octobre. Il fit aussitôt de nouvelles dispositions à Montargis, lesquelles se trouvèrent prêtes le 29 octobre.

Le 11, Mme la comtesse d’Artois n’arrive à Montargis, qu’après 11 heures du soir, et une marche de 36 lieues. M. de Cypierre avait fait placer, à chaque relais, des terrines et des flambeaux pour éclairer le chemin ; mais une pluie continuelle, accompagné d’un vent impétueux, rendit toutes précautions inutiles. Pour y suppléer et surtout pour diriger les postillons, et prévenir le danger qu’entraine l’obscurité de la nuit la plus affreuse, M. de Cypierre avait fait allumer des feux de distance en distance, et tous les habitants des villages voisins secondèrent son zèle avec une activité incroyable. Les officiers municipaux de Montargis ont eu l’honneur de complimenter Mme la comtesse d’Artois avant son entrée dans la ville. Sur son passage, toutes les rues sont illuminées et la milice bourgeoise est en arme. M. de Cypierre avait ordonné une illumination de 600 toises, depuis les faubourgs de la ville jusqu’au château. Sur l’esplanade du château, devant l’appartement de Mme la comtesse d’Artois, un arc de triomphe, des pyramides et des girandoles sont illuminés mais le mauvais temps en avait détruit l’effet.

 

Un détachement du régiment de la Reine, dragons, ayant à sa tête le marquis de Poyanne et le marquis de Briffe, se trouva au château, eut l’honneur de la recevoir à la descente de son carrosse.

Le 12, Mme la comtesse d’Artois entend la messe à Montargis. Après, elle reçut les officiers du bailliage et de l’élection qui ont eu l’honneur de la complimenter. Puis, elle dîne à son grand couvert où tout le monde est admis à la voir. Ensuite, elle se rend dans une salle voisine de son appartement où M. de Cypierre avait fait disposer un théâtre. Les enfants de l’ambigu-comique joue une pièce relative à la circonstance. Mme la comtesse d’Artois témoigne son satisfaction à M. de Cypierre qui avait ordonné cette fête, et à M. Plein-Chesne, auteur du diverstissement. Le même jour, vers 15 heures, Mme la comtesse d’Artois part pour Nemours où M. de Cypierre eu l’honneur de prendre congés d’elle.

Le même jour, Mme la comtesse d’Artois arrive à Nemours où Mgr le comte de Provence et Mme la comtesse de Provence l’y rejoignent le 13. Ces deux princesses se témoignent, au moment de leur entrevue, une tendre sensibilité. Cela fait présager à la nation française le bonheur que procure la double alliance des Maisons de Bourbon et de Savoie.

 

14 novembre 1773 - Rencontre entre Mgr le comte d’Artois et Mme la comtesse d’Artois en présence de Louis XV et des autres membres de la Famille Royale

Louis XV, accompagné de Monseigneur le Dauphin, de Mme la Dauphine, de Mgr le comte de Provence, de Mme la comtesse de Provence, de Mgr le comte d’Artois, de Madame Adélaïde, de Mmes Victoire et Sophie et de ses principaux officiers, va au devant de Mme la comtesse d’Artois jusqu’au bas de la montagne de Bourbon.

Les détachements des troupes de la Maison du Roi, ainsi que le vol du cabinet, précédent et suivent la carrosse du Roi.

Lorsque Mme la comtesse d’Artois aperçoit le Roi, elle descend de son carrosse et marche à sa rencontre. Elle est escortée par le marquis de Vintimille, son chevalier d’honneur et le marquis de Chabrillant, son premier écuyer qui lui donne la main. De plus, elle est accompagnée par la comtesse de Forcalquier, sa dame d’honneur ; de la comtesse de Bourbon-Busset, sa dame d’atours, et des dames que le Roi a nommées pour aller la recevoir sur la frontière. Mme la comtesse d’Artois étant arrivée devant Louis XV, qui était descendu de son carrosse, se jette à ses pieds. Louis XV la relève et après l’avoir embrassé, lui présente Mgr le comte d’Artois qui l’embrasse sur la joue à son tour. Mgr le Dauphin, Mme la Dauphine, Mgr le comte de Provence, Mme la comtesse de Provence, Madame Adélaïde et Mmes Victoire et Sophie l’embrassent aussi.

Après cette entrevue, Louis XV remonte dans son carrosse pour retourner à Fontainebleau, d’où il part, sur les 15 heures, avec la Famille Royale, pour se rendre au château de Choisy. Le Roi fit placer Mme la comtesse d’Artois auprès de lui. En arrivant au château de Choisy, Mme la comtesse d’Artois est conduite dans l’appartement qui a été préparée à son intention. Le Roi et Mgr le comte d’Artois lui donnent la main jusqu’à son appartement, où elle rencontre Mme Clotilde et Mme Elisabeth qui s’étaient rendues en ce lieu pour la recevoir ainsi que les princes et les princesses du sang. Louis XV soupe, le soir, en public, avec les membres de la Famille Royale, les princes et les princesses du sang, et les dames de la Cour qui y ont été invitées. Mgr le comte d’Artois loge à Choisy dans le petit château. Louis XV fait apporter à Mme la comtesse d’Artois la magnifique parure de diamants, qui lui était destiné.

Louis XV quitte Choisy, le 15, pour se rendre à Versailles. A son tour, Mme la comtesse d’Artois arrive le 16 à Versailles sur les dix heures du matin. Elle est conduite dans son appartement où elle reçoit la visite de Louis XV.

 

16 novembre 1773 au château de Versailles – jour du mariage

Vers 13 heures, Mme la comtesse d’Artois se rend dans l’appartement du Roi d’où l’on part pour la chapelle.

 

  • Cérémonie du mariage à la chapelle royale

Après avoir traversé les grand appartements et arrivé à la chapelle, Mgr le comte d’Artois et Mme la comtesse d’Artois s’avancent au bas de l’autel et se mettent à genoux sur un carreau placé sur les marches du sanctuaire.

S.E. le cardinal de La Roche-Aymon, Grand Aumônier de France, présente l’eau bénite au Roi puis monte à l’autel, duquel le Roi s’approche ainsi que les membres de la Famille Royale. Après avoir adressé un discours à Mgr le comte d’Artois et à Mme la comtesse d’Artois, S.E. le cardinal de La Roche-Aymon commence la cérémonie par la bénédiction des 13 pièces et d’or et d’un anneau d’or. Il les présente à Mgr le comte d’Artois, qui met l’anneau au quatrième doigt de la main gauche de la comtesse d’Artois et lui donne les 13 pièces d’or.

Les cérémonies du mariage étant achevé, et, Mgr le comte d’Artois et Mme la comtesse d’Artois ayant reçu la bénédiction nuptiale, Louis XV retourne à son prie dieu puis, le Grand Aumônier de France commence la célébration de la messe. Après l’offertoire, Mgr le comte d’Artois et Mme la comtesse d’Artois vont à l’offrande, et à la fin du « Pater », on étend au dessus de leurs tête un poêle de brocard d’argent.

La messe étant finie, le Grand Aumônier de France s’approche du prie dieu du Roi et lui présente les registres des mariages de la paroisse, que le curé Allard qui avait assisté à la cérémonie, avait apporté avec lui.

Louis XV, accompagné de la Famille Royale, est reconduit à son appartement.

Par permission spéciale du 14 mai 1773 de Mgr de Beaumont du Repaire, archevêque de Paris, Mgr le comte d’Artois et Mme la comtesse d’Artois pouvaient se fiancer le jour de leur mariage.

 

  • Retour de Mme la comtesse d’Artois dans son appartement : cadeaux du Roi, prestations de serment et premiers devoirs

Lorsque Mme la comtesse d’Artois rentre dans son appartement, le maréchal-duc de Richelieu, Premier Gentilhomme de la Chambre du Roi en exercice, a l’honneur de lui remettre la clé d’un coffre rempli d’un grand nombre de bijoux, que le Roi avait ordonné de faire porter, par ce dernier, dans l’appartement de la princesse.

Les premiers officiers de la Maison de Mme la comtesse d’Artois ont l’honneur de prêter serment entre les mains de cette dernière.

Les ambassadeurs et les ministres des cours étrangères ont eu l’honneur d’être présentés à Mme la comtesse d’Artois par la comtesse de Forcalquier, sa dame d’honneur.

 

  •  Soirée d’appartement

Vers 18 heures, Louis XV, accompagné de la Famille Royale, des princes et des princesses du sang qui avaient assistés à la cérémonie du mariage, passe dans la grande galerie (Galerie des Glaces). Le Roi tient appartement, s’installe à une table et joue au lansquenet. Chaque membre de la Famille Royale va prendre part à l’une des activités de la « soirée d’appartement ». Après la partie, le Roi se rend dans le salon qui avait été préparé à la salle de spectacle pour le Festin Royal.

  • Grand Couvert

Une table est installée au centre du salon. Louis XV s’installe à un bout de la table. Chaque membre de la Famille Royale prend place selon son rang. Pour cette occasion, Francoeur, surintendant de la musique du Roi, a composé plusieurs morceaux de symphonies (suite en Sol Mineur, suite en Ré Majeur et suite en Fa Majeur) qui sont joués pendant le Festin Royal.

  • Cérémonie du coucher de Mgr le comte d’Artois et de Mme la comtesse d’Artois

Après le Festin Royal, Louis XV raccompagne Mgr le comte d’Artois et Mme la comtesse dans leur appartement. Au préalable, S.E. le cardinal de LA Roche-Aymon a béni le lit. Avant de se mettre au lit, se déroule la cérémonie de la remise de chemise : Louis XV donne la chemise à son petit fils et Mme la Dauphine à Mme la comtesse d’Artois. Puis, les deux époux se mettent au lit en présence de la Cour. Les rideaux du lit sont tirés. Les époux se retrouvent seuls.

  • Feu d’artifice

Le feu d’artifice qui devait être tiré ce soir est reporté ultérieurement du fait du mauvais temps.

 

16 novembre 1773 à Paris – festivités pour le mariage de Mgr le comte d’Artois et de Mme la comtesse d’Artois

Les façades de toutes les maisons ont été illuminées. Les officiers municipaux de Paris ont arrêté de marier 20 filles à l’occasion du mariage de Mgr le comte d’Artois. L’Hôtel de Ville se charge de faire les frais du festin, de la dote et des habillements.

 

17 novembre 1773 au château de Versailles– Représentation de l’opéra « Ismeror »

Louis XV, accompagné de la Famille Royale, s’est rendu, sur les 18 heures, à la salle de spectacles pour assister à la représentation d’Ismenor.

 

18 novembre 1773 au château de Versailles– réception des députés des états d’Artois et du corps ville de Paris par Mgr le comte d’Artois et Mme la comtesse d’Artois

Les députés des états d’Artois ont eu l’honneur de complimenter Mgr le comte d’Artois et Mme la comtesse d’Artois à l’occasion de leur mariage.

Le même jour, le corps de ville de Paris, en robe de cérémonies, ayant à sa tête le maréchal-duc de Brissac, eut l’honneur de complimenter Mgr le comte d’Artois et Mme la comtesse d’Artois, à l’occasion de leur mariage, et, de leur offrir les présents que la ville de Paris à l’usage de faire en pareilles circonstance.

M. de La Michodière, prévôt des marchands, porte la parole au nom du corps de ville, lequel est conduit à cette audience par le marquis de Dreux, Grand Maître des Cérémonies, et par M. de Nantouillet, maître des cérémonies.

 

19 novembre 1773 au château de Versailles – Bal paré et feu d’artifices

  • Bal paré

Louis XV, la Famille Royale, les princes et princesses du sang se sont rendus dans le salon qui avait été préparé pour le bal paré sur le théâtre de la grande salle de spectacle. Elle a été préparée sur les instructions du maréchal-duc de Richelieu, Premier Gentilhomme de la Chambre du Roi en exercice et sous la conduite de Papillon de la Ferté, Intendant des Menus Plaisirs du Roi.

La Cour est brillante et nombreuse.

Mgr le Dauphin et Mme la comtesse de Provence ouvrent le bal. Mme la Dauphine, qui avait, depuis 2 jours, une légère indisposition, assiste à ce divertissement d’une loge accompagnée de Mme Elisabeth.

Le Roi revient ensuite dans la galerie, d’où il va regarder le feu d’artifice tiré des jardins et qui avait été préparé pour le 16, jour du mariage, et dont le mauvais temps avait différé l’exécution.

 

  • Feu d’artifice

Le feu d’artifice commence par une batterie de 800 gros marons qui est suivie de 700 fusées d’honneur. Autour des deux bassins du parterre, une cascade de feu tombe dans l’eau des bassins, du centre de laquelle s’élève un grand jet accompagné de gerbes. Une mosaïque de fusées volantes et en pots est tirée suivi d’une autre mosaïque étoilée, qu’accompagne une grande quantité de différentes bombettes lumineuses. Après ce coup de feu, il y a une décharge de grosses bombes de 12 pouces de diamètre qui annoncent la forge de vulcain.

L’ouverture de cette espèce de drame pyrique commence par des éclairs et un bruit souterrain. Aussitôt après, Vulcain et les cyclopes parurent sur la scène. Vulcain préside aux travaux de maîtres forgerons qui font rougir le fer, chacun à sa forge, ou frappent sur l’enclume. Tout d’abord, Vulcain s’appuie sur un établi, se promène ensuite, et anime de ses gestes et de ses regards chaque ouvrier qui lui montre son ouvrage.

Une symphonie harmonieuse annonce l’arrivée de Vénus, qui descend au milieu d’un nuage éclairé, sur un char où étaient assis avec elle l’Amour et les Grâces. Vulcain va au devant de Vénus et l’aide à descendre de son char, la conduit au milieu de la scène où il lui présente les flèches que l’Amour avait elle-même forgées, et les travaux des Cyclopes, dont elle paraît très satisfaite.

Leur retour sur scène fût marqué par un grand bruit de guerre, suivi d’une clarté éblouissante, au milieu de laquelle paraît Mars avec toute sa suite et ses attributs. Vulcain le reçoit, et, après lui avoir présenté Vénus et l’Amour. Il lui montre les armes qui avaient été faites par lui, puis, il le conduit aux différentes forges.

Dans l’intervalle, Vénus, Amour et les Grâces avec leur suite, occupent la scène. Les Grâces entourent les flèches de guirlandes, et Vénus les mit dans le carguois de l’Amour, qui en décoche une à Mars, en s’enfuyant. Ce dieu devient éperdument amoureux de vénus qui parut indécise. Les Cyclopes avertissent Vulcain, qui arrive sur la scène au moment où Mars tombent aux genoux de Vénus. A cette vue, la colère s’empara du cœur de Vulcain ; il la fit éclater aux yeux de Vénus, et cette dernière prit la fuite pour éviter ses reproches. Vainement, le dieu de la guerre essaye d’apaiser Vulcain. Celui-ci ne lui répond que par des menaces. La querelle s’échauffe ; les Cyclopes accourent au secours de leur souverain. Le combat s’engage. Mars demeure vainqueur. Vulcain honteux de sa défaite, ne songe qu’à se venger, et redouble ses feux. A l’instant, tout parut s’enflammer, la montagne s’entrouvre, vomit des flammes. Mars et ses guerriers se trouvent environner de torrents de feu mais échappent par la suite à la colère de Vulcain, au milieu des fracas, des coups de bombes, de pétards et du bruit épouvantable que produit ce dernier coup de feu.

Le Roi et la Famille Royale montre leur satisfaction à Torré qui avait fait exécuter ce feu. Malgré la grande quantité d’artifice, il n’y a eu ni interruption ni confusion. Toutes pièces se succédèrent en ordre et produisirent l’effet qu’on en attendait.

 

23 novembre 1773 -  Visite à Mme Louise à Saint-Denis

Le Roi, accompagné de Mgr le dauphin, de Mgr le comte de Provence, de Mgr le comte d’Artois, de Mme la comtesse d’Artois et de Mesdames, se rend au monastère des carmélites de Saint-Denis pour y voir Mme Louise.

 

24 novembre 1773 au château de Versailles – bal masqué

Le bal masqué se déroule dans le Grand Appartement qui est éclairé par un très grand nombre de lumières distribuées dans les lustres et les girandoles posées sur de superbes guéridons. Le bal se passe avec beaucoup d’ordre, malgré le nombre prodigieux de masques.

 

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