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21 Jan

21 janvier 1793: Après l'exécution

Publié par Louis XVI  - Catégories :  #[1789-1793]

Benoît-Leduc demande que le corps de Louis lui soit délivré pour qu'il le fasse inhumer à côté de son père.

L'on passe à l'ordre du jour, et le conseil exécutif est chargé de faire inhumer le corps de Louis comme celui des autres citoyens.

Thuriot annonce que Lepelletier-Saint-Fargeau, membre de la Convention, a été assassiné

Il propose de mander le ministre de la justice pour connaître les mesures prises à ce sujet.

Duquesnoy cite des faits qui lui sont personnels : 

"Il y a environ trois semaines, dit-il, à cette même tribune, on me traita de voleur, de coquin, de scélérat; on tira le sabre sur moi; oui, là.f. (il désigne le côté qui est à la droite de la tribune ) on me menaça du sabre."

Bentabolle propose le renouvellement du comité de sûreté générale.

Rovère et Chabot dénoncent Chambon.

Jeanbon-Saint-André dénonce un placard de Valadi.

On observe que ce n'est que l'opinion prononcée par ce membre dans l'affaire de Louis.

 Amar demande qu'une adresse aux quatre-vingt-quatre départemens soit rédigée pour leur expliquer le motif de la conduite de la Convention dans l'affaire de Louis.

Rabaut-Pommier invoque l'ordre du jour.

Tallien propose que Eersaint soit arrêté et traduit à la barre.

Garran dénonce un placard dans lequel on excite le peuple à soustraire Louis au supplice.

Goupilleau annonce qu'il a failli être assassiné dans un café.

Carrier dénonce Thibaut, évêque du Cantal, pour avoir écrit une lettre séditieuse.

Thibaut désavoue le fait, et affirme que sa lettre n'était relative qu'à la force départementale.

Barrère témoigne ses craintes sur des visites domiciliaires proposées par Bréard ; il retrace l'atrocité de l'assassinat commis sur Lepelletier et, le comparant à Mirabeau :

« Celui-ci, dit-il,

T. XXIII. 18

est mort par ses vices, Lepelletier est mort par ses vertus; le » génie de Mirabeau survivra à ses envieux ; le sacrifice de Lepelletier survivra à tous les siècles. 
L'orateur propose d'accorder à cette honorable victime les honneurs du Panthéon.
Robespierre rend hommage aux vertus de Lepelletier ; parlant ensuite de l'union qui doit exister entre tous les membres de l'assemblée, il dit:
« Il est beau que des députés s'embrassent, mais il est plus beau » qu'ils se précipitent pour embrasser ensemble la statue de la Liberté.
Il appuie la demande du Panthéon pour Lepelletier, veut que le ministre de l'intérieur, Roland, rende compte des sommes mises à sa disposition pour former l'esprit public, et que le comité de sûreté générale renouvelé examine sa conduite.

Pétion s'afflige qu'on ne s'aborde plus qu'avec l'air du soupçon , et que la confiance soit bannie de l'assemblée.

Il est interrompu par plusieurs membres.

Tallien l'accuse d'avoir calomnié.

Lepelletier dans son opinion sur Louis.

Thuriot lui reproche, lorsqu'il était maire de Paris, d'avoir gardé le silence sur ce qui se passait aux prisons à l'époque du 2 septembre, quoique douze députés se fussent transportés ce jour même à la mairie, et qu'ils y fussent restés long-temps avec lui.

Collot-d'Herbois lui reproche d'avoir calomnié l'assemblée électorale de Paris. Pétion répond aux imputations qui lui sont faites; il appuie ensuite les propositions de Barrère, pour que le corps de Lepelletier soit transporté au Panthéon et que l'assemblée assiste à cette cérémonie; il vote aussi pour une adresse aux départemens.

Danton envie la mort de Lepelletier : il invite ses collègues à la paix, dit que Pétion a eu des torts, mais qu'il n'est pas son accusateur ; il reproche à Roland de l'acrimonie et des défiances injustes à l'égard de Paris; il rejette les visites domiciliaires et invite la nation à diriger son énergie contre l'ennemi étranger; il demande enfin le changement du ministre de l'intérieur et la division du ministère de la guerre.

Le ministre de la justice.

D'après le décret rendu ce matin* je viens rendre compte des circonstances qui ont accompagné l'assassinat de Lepelletier-Saint-Fargeau, et des mesures prises

pour arrêter l'assassin et les complices, et pour saisir leurs papiers.

» Hier, aussitôt que le conseil a été instruit de ce crime horrible, le ministre de la guerre a écrit an commandant général de Paris pour que toutes les forces qu'il a à sa disposition fussent employées à la recherche des coupables.

Le ministre de l'intérieur a fait les mêmes réquisitions aux corps administratifs et à la Commune.

Le ministre de la justice écrivit à l'accusateur public et au président du tribunal criminel du département de Paris, et les a sommés de poursuivre rigoureusement le meurtrier.

» A l'instant où le forfait a été commis, le juge de paix de la section de la Butte-des-Moulins a dressé procès-verbal de toutes les circonstances. J'ai moi-même fait prendre des renseignemens sur le lieu.

Voici ce qui en résulte.

» Lepelletier avait dîné au Palais-Royal, chez Février; il était au comptoir pour payer le dîner qu'il avait fait, lorsqu'un particulier qui était à quelque distance de lui, demanda si ce n'était pas Lepelletier; on lui répondit que oui : aussitôt il s'élance sur lui, et lui dit :

Êtes-vous Lepelletier?

Oui, répond celui-ci.

Quelle opinion avez-vous eue dans l'affaire du roi? 

J'ai voté pour la mort, suivant ma conscience, réplique Lepelletier.

Eh bien ! reçois-en la récompense, dit l'autre en tirant son sabre; et H le frappe d'un coup qui a été mortel.

» Février accourt et, quoique plus faible que l'assassin, il le saisit; mais celui-ci se débarrasse bientôt et il s'enfuit.

On a cru deux fois ce matin qu'il avait été arrêté ; mais les renseignemens qu'on a eus à cet égard ne sont pas certains.

» Le meurtrier est conuu, ajoute le ministre, il se nomme Paris; c'est un ancien garde du roi , qui s'est déjà rendu célèbre par sa scélératesse et sa lâcheté.

J'ai ici son signalement; et, comme par nos lois, tout citoyen est obligé d'arrêter les coupables de grands crimes, je vais le lire.

» Paris, ancien garde du roi, taille de cinq pieds cinq pouces, barbe bleue et cheveux noirs, teint basanné, belles dents, vêtu d'une houpelande grise, revers verts et chapeau, rond.

[graphic]

Après avoir entendu ce rapport, la Convention nationale décrète ce qui suit:

Art Ier

  II y a lieu à accusation contre Pâris, ancien garde du roi, prévenu de l'assassinat commis hier dans la personne de Michel Lepelletier, l'un des représentans du peuple français.

II.

Elle charge le conseil exécutif provisoire de faire poursuivre et punir le coupable et ses complices par les mesures les plus promptes, et de faire remettre, sans délai, à son comité des décrets , les expéditions des procès-verbaux du juge de paix et des autres actes contenant les renseignemens relatifs à cet attentat.

III.

Les comités des décrets et de législation présenteront, dans la séance de demain, la rédaction de l'acte d'accusation.

IV.

Il sera fait une adresse aux Français, qui sera envoyée aux quatre-vingt-quatre départemens et aux armées par des courriers extraordinaires, pour les informer du crime de lèse-nation qui vient d'être commis sur la personne de Michel Lepelletier, des mesures que la Convention nationale a prises pour la punition de cet attentat, inviter les citoyens à la paix et à la tranquillité, et les autorités constituées à la plus exacte surveillance.

V.

La Convention nationale asssistera toute entière aux funérailles de Michel Lepelletier, assassiné pour avoir voté la mort du tyran.

VI.

Les honneurs du Panthéon français sont décernés à Michel Lepelletier, et son corps y sera déposé.

VII

Le président est chargé d'écrire, au nom de la Convention nationale, au département de l'Yonne et à la famille de Lepelletier.

Fabre d'Églantine fait décréter le renouvellement du comité de sûreté générale. Sur la demande de Thuriot, le bureau d'esprit public, créé au ministère de l'intérieur, est supprimé.

 

Séance du soir.

Le renouvellement du comité de sûreté générale y porte les représentans Bazire, Lamarque, Chabot, Legendre de Paris, Bernard de Saintes, Rovère, Ruamps, Maribou-Montaut, Tallien, Ingrand, Jean Debry et Duhem.

 

 

Bazire propose la peine de mort contre quiconque recèlerait l'assassin de Lepelletier.

Robespierre fait passer à l'ordre du jour sur cette proposition.

Nous interrompons ici le compte-rendu des séances de la Convention, pour transcrire de suite et jusqu'au 21 janvier également, les séances des Jacobins, les extraits des journaux sur la mort du roi et le Bulletin municipal.

 

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