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16 May

17 mai 1770: « Persée »

Publié par Louis XVI  - Catégories :  #Versailles

 
Données, à l'Opéra Royal, à l'occasion du mariage de M. le Dauphin et de l'Archiduchesse d'Autriche Marie-Antoinette.

 « Persée » 
tragédie lyrique de Jean-Baptiste Lully, et livret Quinault
 
Le 16 mai 1770, à 10 heures du matin, la jeune archiduchesse MARIE-ANTOINETTE D'AUTRICHE franchit la grille de la cour du château de Versailles.
Cette grande solennité s'est terminée par le festin servi dans la salle des ballets disposée, spécialement à cet effet.

Et c'est le lendemain même que devait avoir lieu la représentation de PERSEE.
Toute la nuit fut employée à enlever le faux plancher, le salon de musique avec sa grande arcade de 32 pieds de hauteur, les gradins disposés tant pour les 80 musiciens que pour les assistants, les lustres, tentures, décors, tapis, cloisons mobiles, portes de service, etc...
Ouvriers et soldats rivalisèrent de zèle.

PAPILLON DE LA FERTE épuisé de fatigue, depuis plusieurs jours, ne quitta pas la brêche.

Il se remettait, écrivait-il, en prenant, chaque jour, un bain !

Enfin, le jeudi 17 mai 1770, tout est prêt et le personnel de l'Opéra au complet, chanteurs, danseurs et musiciens débarque de bonne heure à Versailles.

Quel fut l'effet produit sur les spectateurs et notamment, sur la jeune Dauphine, par l'opéra de QUINAULT et LULLI ?

Il faut, malheureusement reconnaître que l'effet fut médiocre et le succès à peu prés nul.

PAPILLON DE LA FERTE, dans son "journal" ne veut pas se l'avouer tout à fait et explique, comme on va le lire, l'ennui manifesté par MARIE-ANTOINETTE :

"Ce spectacle a été beaucoup mieux qu'on ne pouvait s'y attendre, après des préparatifs aussi pressés et avec des machines dont les mouvements étaient encore si peu connus des ouvriers. D'ailleurs, on a été très contente de la magnificence du spectacle.

Madame la Dauphine n'a pas paru y prendre goût.

Il est vrai que c'est un opéra bien sérieux pour quelqu'un qui ne connaît pas encore bien le spectacle et n'aime pas la musique".

L'excuse était mauvaise, car MARIE-ANTOINETTE aimait la musique et jouait, agréablement, de la harpe et du clavecin.

Jean-Baptiste Gautier-Dagoty ( 1740-1786 )

En mai prochain, l'opéra Persée de Lully sera représenté à Versailles.

Eh bien, la dernière fois que cette oeuvre a été jouée dans l'Opéra Royal du château, c'était en présence de Marie Antoinette, lors de son mariage avec Louis Auguste.


A royal entertainment returns to Versailles


The last time Jean-Baptiste Lully’s opera Persée was presented at the L’Opéra Royale at Versailles, Marie Antoinette was in the audience. Only fitting, as the piece was being presented to celebrate her wedding to the future King of France, Louis XVI. The year was 1770.

This May, Persée will be performed again at Versailles for the first time in almost 250 years by a company that comes from a part of the world the French dismissed in 1770 as “quelques arpents de neige” or “a few acres of snow” – Toronto’s world-renowned Opera Atelier.

 
Quelques explications musicologiques...

Composé par Lully et créé à Versailles en 1682 sur un poème de Philippe Quinault, Persée, tragédie en un prologue et cinq actes va connaitre une nouvelle vie presque un siècle plus tard grâce à trois musiciens (Antoine Dauvergne, François Rebel et Bernard de Bury) qui vont la mettre au goût du jour.
L’occasion est belle : Réécrire l’œuvre pour le futur mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette et aussi l’inauguration du Théâtre royal de Versailles.

Pour se mettre dans une nouvelle ambiance et au goût du jour, une autre ouverture, écrite par Dauvergne, remplace l’originale de Lully, ce qui nous plonge immédiatement dans un autre monde, plus proche de celui de Gluck.
Par la suite l’action est réduite de cinq à quatre actes afin d’accroitre l’impact festif par divers effets spectaculaires.
Sur un nouveau livret de Nicolas-René Joliveau, le chant est remanié, en particulier pour les chœurs qui occupent une place prépondérante.
Tout devient plus aimable, laissant derrière les ombres du XVIIe siècle jadis largement distillées par Lully.

On entend même quelques inspirations venues de Jean-Marie Leclair, en une ligne musicale plus lisible en harmonie pour un auditeur dès lors habitué à la musique de son temps.
La comparaison avec la version originale de 1682 parue chez Naïve en 2001 sous la baguette de Christophe Rousset sera fort enrichissante dans la connaissance de l’évolution musicale en France à la fin de l’Ancien régime.

Hervé Niquet, grand spécialiste en la matière, nous offre une version toute en énergie, soutenue par toute une équipe de chanteurs (Mathias Vidal, Katherine Watson, Tassis Christoyannis, Hélène Guilmette, Jean Teitgen…) et musiciens non moins rompus à ce genre de répertoire.
La vitesse est souvent de mise, reflet d’une nouvelle fête, d’un autre style, que le vieux Lully n’eut sans doute pas désavoué.

Jean-Baptiste Lully (1632-1687): Persée 1770 Tragédie en musique en quatre actes en version de Versailles de mai 1770.

Le Concert spirituel direction: Hervé Niquet. 2 CDs Alpha 967.

Enregistré au théâtre royal du château de Versailles les 15 et 16 avril 2016.

Livre-disque de 120 pages bilingue français anglais avec le livret complet de l’opéra.

Durée totale : 108′ 21.
http://www.resmusica.com/2017/05/01/persee-de-lully-revele-par-herve-niquet/

 

 

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