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09 May

Rez de chaussée - Aile nord - 100 Salle de spectacles

Publié par Louis XVI  - Catégories :  #Versailles: Rez de chaussée - Aile Nord

Rez de chaussée - Aile nord - 100 Salle de spectacles.

Depuis les premières grandes constructions de Louis XIV, les salles de spectacles provisoires et les projets s'étaient succédés dans les endroits les plus divers : dans le vestibule central en 1664, dans les allées du parc pour les fêtes de 1664 et 1668, dans la Cour de Marbre en 1674. En 1685 un projet du machiniste italien Vigarani fut entrepris à l'emplacement du théâtre actuel, au bout de l'aile du Nord, mais il fut interrompu par les guerres de la fin du règne de Louis XIV, et l'on installa à la place un appartement pour la Princesse de Conti. En 1700, c'est dans le vestibule de la cour des Princes qu'on installa une salle provisoire, transformable en salle de bal et qui devait servir pendant plus d'un siècle. Un autre théâtre fut aménagé du temps de Madame de Pompadour dans la Petite Galerie, puis dans l'Escalier des Ambassadeurs. Enfin, les grandes fêtes des mariages des Princes, avec opéra, festin et bal paré, furent données dans des salles provisoires installées dans le Manège de la Grande Ecurie.
C'est en 1748 que Louis XV, dans le but de doter le château d'une salle de spectacles digne de lui, chargea Ange-Jacques Gabriel, son Premier Architecte, d'en préparer la construction. Gabriel y travailla vingt ans, reprenant et améliorant sans cesse ses plans. Il s'était inspiré du théâtre que Benedetto Alfieri venait de construire à Turin pour le roi de Sardaigne et il avait imaginé une décoration dans le goût rocaille. Les fondations furent commencées mais la Guerre de Sept Ans arrêta les travaux. Ils ne furent repris que douze ans après, en 1763. Finalement Gabriel était revenu au plan en ovale qu'il avait envisagé tout au début, et il avait opté pour un décor classique, maintenant en honneur. Il avait été décidé, pour des raisons acoustiques, que tout serait en bois, peint n faux marbre, sculpté et doré. Une colonnade corinthienne entourerait la salle au niveau des avant-scènes, des miroirs portant des demis lustres prolongeraient et aéreraient la salle. Le plafond serait soutenu par une voussure cintrée percée de lunettes grillées.
Ces projets avaient duré vingt ans et Gabriel était près de renoncer, lorsque Louis XV ordonna soudainement de les mettre à exécution en vingt et un mois, pour le mariage de son petit-fils le Dauphin, futur Louis XVI, avec l'Archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche. La salle devait servir aussi bien pour l'opéra que pour le concert, le bal et le festin.
Gabriel et le machiniste Arnoult imaginèrent pour la scène (la plus grande de France et seulement dépassée pour celle de l'Opéra de Paris), un décor solide en bois, avec des loges et des gradins continuant ceux de la scène. Des treuils permettaient de faire monter le plancher de la salle au niveau de celui de la scène et, une fois la fosse d'orchestre recouverte, de former une vaste salle ovale. En enlevant les cloisons et les banquettes des loges de la colonnade on créait un promenoir tout autour.
Avec la construction de cette salle de spectacle, toute une partie du château redevint un vaste chantier. Maçons, tailleurs de pierre, charpentiers, plombier, menuisiers, décorateurs furent des centaines à se côtoyer. Tous ne furent pas rétribués à leur juste valeur. Ainsi, Pajou, à qui l'on doit presque toute la décoration sculptée de la salle, fut-il particulièrement mal traité par Gabriel : des 159.000 livres qu'il réclama, il ne perçut qu'à peine un tiers sous forme d'acomptes.

Les fêtes du mariage eurent lieu les 16 et 17 mai 1770, avec une représentation du « Perse » de Lulli et Quinault, un Bal paré, « Athalie » jouée par Mademoiselle Clairon, « Castor et Pollux » de Rameau, le « Tancrède » de voltaire et un drame à machines et féerie balle, « la Tour enchantée ». Des fêtes semblables eurent lieu l'année suivante pour le mariage du Comte de Provence, puis pur ceux du Comte d'Artois et de Madame Clothilde. Le banquet des officiers des Gardes du Corps du Roi en 1789, où aurait été piétinée la cocarde blanche des partisans du roi, clôtura de façon tumultueuse, la série des manifestations de l'ancien Régime.

A la Révolution, tout ce qui pouvait être vendu le fut : glaces, tentures, lustres, banquettes, etc. La société populaire de « la Vertu des Sans-Culottes de Versailles » y tint ensuite ses réunions, puis la salle fut désaffectée.
Elle ne fut rouverte que pour les fêtes données pour l'inauguration du Musée de Louis-Philippe. les restaurations faites à cette occasion altérèrent terriblement l'aspect de la salle : planchers inclinés, loge du roi agrandie, et toutes les peintures aux couleurs délicates recouvertes d'un rouge sombre à croisillons dorés.


Napoléon III y fit installer un éclairage au gaz très dangereux pour le souper qu'il offrit en l'honneur de la Reine Victoria en 1855. En 1865, il offrit au Roi d'Espagne une représentation de « Psyché » de Molière et Corneille.
En 1871, la salle fut aménagée pour servir aux séances de l'Assemblée Nationale puis, de 1876 à 1879, à celles du Sénat : un nouveau plancher fut posé par-dessus tous les autres et la toile du plafond peinte par Durameau fut roulée au fond de la scène, et remplacée par une verrière sur châssis de métal qui, par son poids, fit beaucoup de dégâts.

En 1941, le danger causé par les affaissements et les ruptures dans les charpentes devint si grave qu' une consolidation générale fut entreprise d'urgence. Elle devait durer quatre ans. Les travaux continuèrent ensuite à l'intérieur de la salle où, écrasés par le poids de la charpente, les corniches et les chapiteaux en bois étaient tous affaissés. Il fallut tout traiter contre les insectes du bois. Il fallut restaurer toutes les sculptures, depuis les chapiteaux jusqu'aux bas-reliefs des balcons exécutés par Pajou, et qui représentent les dieux de l'Olympe aux premières loges et des signes du zodiaque et des enfants aux deuxièmes. Tous ces patients et minutieux travaux on t permis de retrouver dans les coins les plus cachés des traces de peintures à l'arabesques et figures féminines qui décorent la loge du Roi et les deux loges voisines. Un tabouret et des dessins retrouvés, les descriptions très détaillées des mémoires et inventaires ont enfin permis des restituer avec la plus fidèle exactitude les sièges, les grilles en fer forgé et doré de la loge royale, seul élément métallique de toute la salle, ainsi que les lustres et les rideaux. Le grand rideau de la scène porte en son centre brodé en or, les grandes armoiries royales de France.
La grande peinture ovale du plafond et l'œuvre de Durameau. Il représente « 'Apollon offrant des couronnes aux hommes illustres dans les Arts ».
Il faut ajouter que le théâtre a été pourvu sans que ce soit nulle part visible, des équipements techniques les plus modernes : coupe-feu partout, chauffage par soufflerie et, bien sûr, électrification générale.
La vie a ainsi été rendue au théâtre qui passait en son temps pour le plus beau du monde.

#Posté le vendredi 11 janvier 2008 16:50

Modifié le samedi 12 janvier 2008 07:34

Rez de chaussée - Aile nord - 100 Salle de spectacles

  
  

Vue de la scène prise de la loge royale.
  
  


  

Tête de muse de profil
Pluton tenant une lance devant un feu
Tête de muse de profil
  
Cybèle coiffée d'une tour ,appuyée sur un lion
Rez de chaussée - Aile nord - 100 Salle de spectacles - Premier balcon
Rez de chaussée - Aile nord - 100 Salle de spectacles - Premier balcon
Apollon allongé tenant une lyre
  
Tête de profil de muse
Rez de chaussée - Aile nord - 100 Salle de spectacles - Premier balcon

Neptune avec un trident et un dauphin
  
 

Jupiter tenant une coupe avec un aigle

 

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