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01 Sep

Mme Brunier, sa première femme de chambre

Publié par Louis XVI

Mme Brunier, sa première femme de chambre

Marie Antoinette confie, l’autorité du service de sa fille, à Mme Brunier, sa première femme de chambre.

Cela blesse les deux sous-gouvernantes en charge de Madame Royale: Mme de Villefort en tombe malade et Mme d’Aumale démissionne.

J'ai trouvé fort intéressant ce passage de l'ouvrage d'Hélène Becquet concernant la nomination de Madame Brunier et le rôle de Marie-Antoinette dans l'espace de liberté que lui laisse Louis XVI sur les nominations dans sa maison et celles de ses enfants.

Encore une fois, on constate que cette noblesse de la fin du XVIIIe siècle avait des œillères et n'était pas prête à laisser une parcelle de ses privilèges...

Comme toujours, les personnes mentionnées dans le textes ne figurant pas en illustration de celui-ci le sont pas manque de portraits ou de gravures les représentants.

Elle épouse, en secondes noces, le médecin des enfants de France, Brunier.

Sa fille, Christine Dufour de Montlouis de Fréminville devient à son tour première femme de chambre de Madame Royale, alors qu'elle était déjà femme de chambre ordinaire de cette princesse

Il est intéressant de remarquer que le premier mari de Madame Brunier, Montlouis, était parent de Monsieur.

Campan, valet de garde-robe de la Reine, personnage des plus influents dans la domesticité royale. Mesdames d'Aumale et de Villefort, mais la reine les trouva assez vite incompétentes.

Elle décida de faire passer toute l'autorité effective aux mains de la première femme de chambre, Madame Brunier, ce qui provoqua le mécontentement des deux intéressées comme le raconte le marquis de Bombelles, gendre de Madame de Mackau, donc témoin privilégié de tout ce qui concerne la maison des Enfants de France: « Madame d'Aumale, voyant de jour en jour qu'elle était plus désagréable à la reine, a pris le parti de donner sa démission hier matin. Madame la duchesse de Polignac, après l'avoir reçue, a été la voir pour l'engager à ne pas se presser sur cette démarche.

Mais le parti de Madame d'Aumale était sagement pris, et l'autorité confiée par la Reine à Madame Brunier, première femme de chambre, ne permettait plus à une femme de qualité de rester honnêtement dans une place dont cet ordre annulait les fonctions.

Madame de Villefort, mère de quatre enfants et sans aucune fortune, ne savait hier quel parti prendre, voyant qu'elle ne serait plus, auprès de Madame, fille du Roi, que sous-gouvernante en titre tandis que Madame Brunier le serait de fait.

La Reine, ayant ordonné que cette Madame Brunier ne quittât plus sa fille et réformant la seconde première femme de chambre pour laisser à l'objet de son choix un service permanent, elle a ajouté que ce serait Madame Brunier qui lui rendrait compte de tout »

On voit que cet arrangement pris par Marie-Antoinette bouleverse l'ordre curial traditionnel puisqu'il ôte tout pouvoir effectif aux sous-gouvernantes au profit d'une personne de condition moindre à la fois dans l'ordre curial et dans l'ordre social.

La dignité des sous-gouvernantes exige donc qu'elles prennent leurs distances par rapport à une telle situation.

Un peu plus loin dans son journal, le marquis de Bombelles, rapporte que « l'on ne trouve pas [cette situation] convenable » ajoutant qu'elle aurait été acceptée si l'éducation de Mme Royale s'en était trouvée plus efficace, ce qui n'était pas le cas

L'attachement des courtisans à la hiérarchie curiale telle qu'elle existait depuis Louis XIV demeure donc très forte.

Chacun a une place clairement définie, un rôle bien précis à jouer dans la mécanique de cour.

Si cette hiérarchie change, il faut que cela soit utile et que nul ne soit lésé.

Personne ne remet cependant en cause, sur le fonds, le droit des souverains à modifier l'étiquette, à introduire des changements dans la hiérarchie de cour.

Mais les serviteurs de la couronne ne doivent pas croire à l'injustice de leurs maîtres, d'où un équilibre délicat à trouver entre les intérêts des courtisans et ceux des souverains.

Les contemporains ont reproché à Marie-Antoinette sa « prédilection indécente » pour les valets de sa maison, ce qui aurait été une des sources de mécontentement des courtisans contre elle .

Pourtant, en plaçant qui elle veut et à la place où elle le souhaite dans sa maison et dans celle de ses enfants, elle tient tout à fait son rôle de souveraine, dispensatrice des grâces, seule arbitre de la cour: ce n'est donc en rien une anomalie.

Elle dirige la cour comme elle l'entend, même si elle doit mécontenter les courtisans. Il faut d'ailleurs observer que ce rôle de la reine est tout à fait étonnant.

C'est elle qui intervient dans la nomination aux places, alors que normalement c'est la prérogative du roi seul.

Cela signifie probablement que Louis XVI faisait confiance à sa femme sur ce point et il faut davantage y voir une délégation d'autorité tacite qu'une preuve de la faiblesse de Louis XVI.

Il n'empêche qu'avec Marie-Antoinette une reine réapparaît sur le devant de la scène curiale alors que toutes avaient été effacées jusque-là.

Marie Leszczynska tenait son rôle de représentation à la perfection et menait une vie repliée dans ses appartements privés mais sans rien exiger du roi et en n'intervenant pas ou peu dans l'organisation de la cour.

Marie-Antoinette, au contraire, joue un rôle bien plus important dans la vie de cour, puisqu'elle n'hésite pas à distribuer les charges ou à changer les règles, comme nous le verrons.

En fait, le roi dirige la cour avec la reine. Marie-Antoinette avait à la fois la naissance, ce qui n'était pas le cas de Marie Leszczynska, et la personnalité nécessaires pour jouer ce rôle.

Louis XVI le lui a abandonné d'autant plus volontiers que cela constituait une compensation à sa mise à l'écart des décisions politiques.

C'est néanmoins une situation inédite dans la monarchie des Bourbons et qui posera les problèmes que l'on sait à la réputation du couple royal.

 

HELENE BECQUET « LA COUR DE FRANCE SOUS LOUIS XVI, UN SYSTEME EN DECADENCE » 

 

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