16 octobre 1793: 7H
7H
Toutes les troupes sont sur le pied, des patrouilles sillonnent les rues
Le jour est à peine levé lorsque Rosalie entre dans le cachot de la condamnée qu' elle la trouve en pleurs étendue sur son lit dans sa robe de deuil, le visage tourné vers la fenêtre, la tête appuyée sur sa main.
Les deux bougies achèvent de se consumer
Un jeune officier de gendarmerie se tient dans l'angle gauche de la pièce
Ce n'est plus Busne
Il vient d'être arrêté, sur la dénonciation de l'un de ses hommes, qui l'a vu offrir un verre d'eau à la Reine et la raccompagner chapeau bas
Marie-Antoinette ne s'est pas déshabillée
"Madame, dit Rosalie d'une voix tremblante, Madame, vous n'avez rien pris hier au soir, et presque rien dans la journée
Que désirez-vous prendre ce matin?"
"Ma fille, je n'ai plus besoin de rien, tout est fini pour moi"
La servante insiste:
"Madame, j'ai conservé sur mes fourneaux un bouillon..."
Rosalie pleure, elle aussi, et veut se retirer
LA Reine la rappelle, craignant de l'avoir affligée, et murmure entre deux sanglots:
"Eh bien ! Rosalie, apportez-moi votre bouillon"
Assise sur son séant, elle ne peut en prendre que quelques cuillerées
"Revenez vers huit heures pour m'aider à m'habiller"
Durant encore une heure, elle reste prostrée, laissant son esprit errer à travers ses souvenirs...
Une pâle lueur tombe de la fenêtre grillée
Elle regarde se lever son dernier jour
C'est la fête du Boeuf qui a remplacé celle de saint Gal, abbé
Peu à peu, la condamnée se reprend et lorsque, toute tremblante, Rosalie revient dans la cellule, Marie-Antoinette lui demande de l'aider à changer sa chemise pour la dernière fois
Rosalie Lamorlière obtempère, mais le garde posté dans la cellule refuse de s'écarter, même "au nom de l'honnêteté"