19 février 1787: François René de Chateaubriand

Un autre évènement qui s'est produit un 19 février, la présentation de Chateaubriand à la Cour et que raconte comme suit le comte d'Hezecque dans ses souvenirs de page à la cour de Louis XVI

Présentation de Chateaubriand à la Cour.

Il lui fallait encore , le 19 février 1787, « monter dans les carrosses du roi », honneur envié mais épreuve redoutable pour un petit provincial !

Le duc de Coigny, premier écuyer, avait fait prévenir le chevalier que le roi chasserait ce jour-là en forêt de Saint-Germain-en-Laye.

François-René se retrouva avec trois autres jeunes gentilshommes en pimpant uniforme de débutant devant les grilles de Versailles.

Le roi monta en carrosse ; les tambours battirent aux champs, les commandements militaires claquèrent dans l’air glacé.

Une longue file de voitures suivit Louis XVI jusqu’au tendez-vous du Val où la chasse devait débuter.
Les nouveaux « présentés » devaient monter des chevaux des écuries royales. On fit au petit chevalier le méchant tour de lui donner une monture ombrageuse qui - ironie du sort - se nommait l’Heureuse !

Cette rosse fit endurer au débutant mort et misère; il sema le désarroi dans un groupe de chasseurs et faillit même culbuter une belle amazone !
Le duc de Coigny avait donné cette instruction péremptoire aux quatre débutants : il ne fallait à aucun prix couper la chasse; le roi ne le souffrait pas. Or, voici que le chevalier arriva «  aux fins de la bête » en même temps que le royal chasseur !

Louis XVI n’en tint nulle rigueur.

Il avait besoin de parler.

Loin de s’emporter, il « partit d’un gros rire » et , montrant le chevreuil étendu, à ses pieds, s’esclaffa : «  Il n’a pas tenu longtemps ! » Emoi; le jeune Chateaubriand fut surpris causant avec le roi; on augura bien de sa fortune.

Les débutants ne pouvaient « courre » que la première bête; ils attendaient au Val que le roi forçat encore trois chevreuils et revînt fort gai et narrant les « accidents de la chasse » au milieu du gros de la cour.

Le jeune chevalier fit néanmoins de désespoir de son frère; il refusa de revêtir son habit à la française pour assister à la traditionnelle cérémonie du débotter du roi.